Friday, August 12, 2011

Antonio Vivaldi - La Folia



Commentaire musicologique du Lutin d'Ecouves :

La Folia est, à l'origine, une danse dont il est fait pour la première fois mention dans un texte portugais du XVe siècle. Il s'agissait d'un rite chorégraphique lié à la fertilité lors duquel les danseurs portaient des hommes habillés en femmes sur leurs épaules. Le rythme rapide de la danse ainsi que son aspect insensé furent certainement à l'origine de son nom. Parmi un certain nombre de thèmes, émergea une mélodie de base. Jusqu'au milieu du XVIIe, elle se répandit en Italie (Follia) et en France (Folie d'Espagne) puis le thème évolua rapidement pour prendre sa forme définitive dans cette suite d'accords : réM/La7/réM/do/fa/do/réM/la7 réM/La7/réM/do/fa/do/rém-la7/réM Apparue aux alentours de 1650 puis publiée en 1672 par Lully, cette mélodie se stabilisera en se ralentissant et devint le thème d'innombrables variations dont les plus célèbres furent celles de Corelli parues en 1700. A partir de ce moment, Les Folies habitèrent consciemment et parfois inconsciemment la musique occidentale et ne la quittèrent plus. La plupart du temps, elles prirent la forme « thème et variations » ; parfois elles ne furent qu'une citation sans grand développement (J.S.Bach, Keiser); quelques fois, elles ne furent qu'une inspiration pour une autre mélodie (sarabande de Händel, chaconne de Purcell); elles sont même dissimulées dans certaines œuvres comme dans l'andante de la 5ème symphonie de Beethoven. Même si les XIXème & XXème siècles furent moins riches en Folias, elles inspirèrent de nombreux compositeurs tels que Liszt, Paganini, Rodrigo ou Rachmaninov qui intitula ses variations « sur un thème de Corelli » car il ignorait l'origine exacte de la mélodie. De nos jours, les Folies hantent encore notre imaginaire musical et l'on peut les retrouver dans des musiques de film (La B.O. de Barry Lyndon de Kubrick inspirée de la sarabande de Händel ou bien celle de 1492 de Ridley Scott composée par Vangelis.) et, plus surprenant, dans l'univers des jeux vidéo (bande sonore de Final Fantasy IX composée par Nobuo Uematsu).

Antonio Vivaldi
1678-1741

Pour ce onzième épisode, revenons aux fondamentaux. D'abord parce qu'on va retrouver le thème publié par Lully et popularisé par Corelli en 1700 mais aussi parce qu'on va parler d'un poids lourd de la musique baroque.
Antonio Vivaldi est né un jour de séisme à Venise. Son père, barbier-violoniste lui a appris les rudiments du violon et le jeune rouquin se révéla particulièrement doué.
Comme beaucoup d'enfants du peuple, il dut choisir l'habit ecclésiastique, ce qui était le plus sûr choix de faire de bonnes études.
Cela dit, Antonio "le prêtre roux", prétextant un problème d'asthme qui l'obligeait à sortir souvent, ne dit pas bien longtemps la messe.
Il préféra devenir maître de violon à l'Ospedalle della Pietà de Venise et on le comprend ! Il s'agissait d'une institution pour jeunes filles dans laquelle on donnait une éducation musicale poussée aux élèves.
C'est là que Vivaldi va expérimenter une nouvelle conception du concerto dans lequel le soliste va s'émanciper de l'orchestre pour s'échappper dans des arabesques de plus en plus complexes.
Dès la parution de son opus III, l'Estro Armonico, Vivaldi devint célèbre dans toute l'Europe. Il eut même une influence certaine sur le grand Johann Sebastian Bach qui adapta plusieurs de ses compositions.
A la suite de cet opus III où Vivaldi fit preuve d'une totale maîtrise de la composition, il fit évoluer sa musique vers plus de liberté et d'expression (l'opus IV s'appelle "La Stravaganza", l'opus VIII qui contient les quatre saisons s'appelle "Il cimento dellarmonia e dellinvenzione".)
En dehors de ses oeuvres pour violon, Vivaldi composa de nombreuses sonates et concertos pour un tas d'instruments ainsi qu'un corpus important de musique religieuse et un nombre appréciable d'opéras.
Célèbre en son temps, le musicien tomba complètement dans l'oubli dès sa mort lors d'un voyage à Vienne. Il faudra attendre le début du vingtième siècle pour que des musicologues redécouvrent la musique du génial Antonio.
Dans son opus I de 1705, Vivaldi, encore inspiré par Corelli propose une follia pour deux violons et basse continue. Il y reprend le thème principal dans l'adagio du début puis brode dix-neuf variations où l'on sent progressivement le jeune prêtre roux s'échapper du style sévère de son aîné pour aller vers une expression de plus en plus débridée de son art. Rarement Follia portera aussi bien son nom.
Ne ratez pas les dernières variations dans lesquelles l'italianité et le tempérament de feu de l'auteur s'expriment pleinement en entraînant l'auditeur dans une folle danse tourbillonnante.

Sunday, April 24, 2011

Ralph Vaughan Williams (1872-1958) - Three Shakespeare Songs







Ralph Vaughan Williams

Three Shakespeare Songs

1. Full fathom five
2. The cloud-capp'd towers
3. Over hill, over dale

The Cambridge Singers conducted by John Rutter

Sunday, February 20, 2011

Analyse et écoute comparative Karajan - Abbado



L'AAMSL (Amicale des Arts, de la Musique et des Sciences de Laval) est un groupe se réunissant chaque dimanche soir pour écouter de la musique, voir et analyser des opéras, écouter des lectures d'oeuvres littéraires.

PROGRAMME, CE SOIR, DIMANCHE 20 FÉVRIER 2011

Symphonie n° 6 en fa majeur, opus 68 de Beethoven «Pastorale»

Mission :

Offrir à un vaste public gratuitement des causeries éducatives
et distrayantes dans une ambiance de détente et
de jovialité. Mettre en lumière les aspects les plus divers
rattachés à l’art tels que:

1) L’archéologie,
2) L'histoire de l'art
3) L’évolution des styles
4) L’étude des grandes oeuvres
5) L’étude des courants en art
6) L’histoire de la musique
7) La théorie musicale
8) La musicologie
9) L’écoute comparative des oeuvres
10) L’esthétique et la poésie


Cette saison l'AAMC de Laval offre une série sur la Quintessence de la Musique Symphonique.

Courriel :
p.castonguay@videotron.ca
Site web :
http://www.oocities.com/tristan_siegfrie...
Lieu :
Église St-Gilles à Laval
Adresse :
231 Rue Des Sables Coin rue Meunier et Boulevard Léger Laval, QC
Horaire : de 19:30 - 22:00

Divine Harpe, Orchestre Symphonique de Laval

Friday, February 18, 2011

Thomas Tallis (1505 - 1595), Spem In Alium Motet à 40 voix, for 40 voices


Spem in alium nunquam habui praeter in te,

Deus Israel,

Qui irasceris, Et propitius eris,

Et omnia peccata hominum in tribulatione dimittis.

Domine Deus,

Creator coeli et terrae,

Respice humilitatem nostram.

Français :

Je n’ai jamais placé mon espérance en aucun autre que Toi,

Ô Dieu d’Israël,

Toi dont la colère fait place à la miséricorde,

Toi qui absous tous les péchés de l’humanité souffrante.

Ô Seigneur Dieu,

Créateur de la terre et du ciel,

Considère notre humilité.

English :

I have never put my hope in any other but in you,

O God of Israel

who can show both anger

and graciousness,

and who absolves all the sins of suffering man

Lord God,

Creator of Heaven and Earth

be mindful of our lowliness

Nunc Dimittis, Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 ou 1526 - 1594), TheTallis Scholars

Chopin (1810 - 1849) Nocturne no. 8 op. 27 no. 2, Maurizio Pollini

Alla Tedesca de l’Orchestre Baroque Arion



Mardi le 15 février 2011 à 19 :30, je suis allé entendre un excellent concert de deux heures trente de musique ancienne : Alla Tedesca de l’Orchestre Baroque Arion dirigé par Mathieu Lussier, à l’ Église Saint-Sixte au 1895 rue de l’Église (coin Marcel-Laurin), dans Saint-Laurent , suite à une invitation de Charles Rollet. Au programme, il y avait des œuvres de Johann Friedrich Fasch (1688-1758) : Concerto en do majeur pour basson, cordes et clavecin, Concerto en do mineur pour basson, cordes et clavecin, Quatuor en sol mineur pour 2 hautbois, basson et basse continue. Il y avait aussi des œuvres de Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Quatuor en ré mineur pour 2 fFlûtes, basson et continuo, Concerto en Fa majeur pour flûte à bec et basson, Concerto en mi mineur pour flûte traversière, flûte à bec, orchestre à cordes et basse continue.

Mathieu Lussier, le chef invité et soliste au basson baroque, nous a expliqué que à la fin du 16ème siècle en Italie Alla Tedesca ou Todesca était un type léger de villanelle qui tournait en dérision l'accent des Allemands de langue italienne. Par la suite, le terme fut interprété comme signifiant «dans le style de la danse allemande du XVIIème siècle».

Les œuvres présentées , étaient veloutées et fort bien interprétées par les solistes : Mathieu Lussier (basson baroque), Claire Guimond et Anne Thivierge (flûtes baroques), Sophie Larivière (flûte à bec), Washington McClain et Matthew Jennejohn (aux hautbois baroques). La basse continue (très riche) était soutenue par Nicolas Lessard (contrebasse), Sylvain Bergeron (à l’archiluth), Hank Knox sur une formidable copie d’un clavecin de 1745 de Johann Daniel Dulcken, (Anvers) et Amanda Keesmaat (au violoncelle baroque). Les cordes ont chantées sous les archets de Chantal Rémillard et Hélène Plouffe (violons baroques), et Jacques-André Houle (alto baroque).

Entendons nous ; l’ensemble Arion n’a plus rien à prouver en matière de musique ancienne tant sur le disque qu’en concert. C’est un privilège montréalais de pouvoir côtoyer un ensemble d’une telle qualité.

J’aime la sonorité douce des instruments anciens (ici des copies exactes) . J’aime aussi cette musique si facile à comprendre avec son alternance des mouvements lents et vifs.

Avec gentillesse et beaucoup de générosité, Matthieu Lussier a commenté les œuvres, est allé serrer les mains et autographier les cd de l’Ensemble Arion pour un public trillé sur le volet à cause de sa résistance au froid hivernal et à l’attraction d’un affrontement au hockey entre les Canadiens de Montréal et les Sabres de Buffalo.

Mais les Canadiens ont perdu en tire de barrage tandis qu’Arion a tout raflé dans un souffle continue : virtuosité, somptuosité, vérité musicologique, poésie et entrain. On ressort d’un tel concert avec les joues roses et oxygénées comme une ballade en montagne.

Comme j’ai été impressionné par l’imposant clavecin de concert, je suis allé voir Hank Knox après le concert pour admirer l’instrument et lui demander des détails. N’ayant rien noté, je l’ai donc rejoint au téléphone à McGill ce matin pour qu’il me fournisse le nom du facteur de l’instrument, un flamand du XVIIIème siècle.

Si vous désirez approfondir votre connaissance sur cet instrument exceptionnel voici un lien à un livre vous permettant d’avoir des informations sur le facteur de clavecins Johann Daniel Dulcken :

A History of the Harpsichord, par Edward L. Kottick (livre en ligne) :

http://books.google.ca/books?id=uexrDtt7JKEC&pg=PA286&lpg=PA286&dq=Johann+Daniel+Dulcken&source=bl&ots=qasy9I1wZA&sig=m2JFMtZMR62crpKfuIqngYC2Fkc&hl=fr&ei=euxbTd6UOIyr8AbPqqX8DQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBoQ6AEwAA#v=onepage&q=Johann%20Daniel%20Dulcken&f=false

Pour observer l’instrument original en détail, référez-vous à :

Harpsichord and Clavichords

CYNTHIA A. HOOVER

DIVISION OF MUSICAL INSTRUMENTS

NATIONAL MUSEUM OF HISTORY AND TECHNOLOGY

SMITHSONIAN INSTITUTION PRESS

CITY OF WASHINGTON

1969

Accessible en ligne sous forme de fichier pdf de 43 pages :

http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/HistoryTechnology/pdf_hi/SSHT-0000.pdf

L’instrument original est exposé au National Museum of American History NMAH, dont voici un lien général ( section Musical Instruments) :

http://americanhistory.si.edu/exhibitions/exhibition.cfm?key=38&exkey=80

Voici le lien au site d’Arion :

www.arionbaroque.com

Georg Böhm (1661 - 1733) Cantata 'Ach Herr, komme hinab'